Qui a dit qu'il n'était plus nécessaire de s'en occuper ?
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« Bah ! Je n’ai rien à me reprocher moi »
Voici généralement l’argument largement entendu de ceux qui n’ont pas d’avis ou sont potentiellement
favorables à la surveillance globale et systématique : « De toute façon, on nous surveille déjà et je m’en fiche parce que, moi, je ne fais rien de mal, je n’ai rien à cacher ».
Ceci peut sembler être un argument imparable si on retire purement et simplement l’aspect moral de la question. Pourtant, c’est un raisonnement totalement faux. En effet, dans la société telle qu’elle existe, ce n’est pas un individu qui détermine ce qui est bien ou mal, juste ou injuste, normal ou déviant, entendu ou inacceptable... Ce sont les normes dictées par la société elle-même. Ces notions sont donc parfaitement hors de contrôle pour l’individu isolé, variables géographiquement et promptes à changer dans le temps.
Ainsi, l’argument qui consiste à dire qu’on n’a rien à se reprocher ne peut être valable qu’accompagné des mots « maintenant », « ici » et « selon moi-même ». En d’autres termes, ce n’est pas vous qui décidez si vous faites quelque chose de mal ou non, mais la société, selon les normes et les lois établies par et pour la société (en principe).
Mais la surveillance globale, au cœur de toutes les inquiétudes actuellement, implique d’autres risques, découlant de l’interprétation des informations. Lorsqu’on peut collecter toutes les données que l’on souhaite sur « une cible », on peut littéralement faire dire tout ce que l’on souhaite à ces mêmes données. Pire encore, si l’analyse est faite par un ensemble d’algorithmes, le risque de faux positifs est bel et bien présent. Même s’il ne s’agit que d’un faible pourcentage, classer automatiquement une personne dans les « individus à risque » ou les « possibles terroristes » n’a rien à voir avec le fait de placer un fichier en quarantaine ou un mail dans les « spams probables ».
À l’heure où je rédige cet édito, le Conseil Constitutionnel n’a pas été saisi concernant la loi de programmation militaire (LPM) et son
fameux article 13 (devenu 20). Lorsque vous lirez ceci, il est donc possible que cette loi soit appliquée (décrets d’application) et si tel est le cas, je pense qu’il peut être tout à fait raisonnable de commencer à réviser vos classiques, en commençant par Orwell...
Bonne année 1984^W2014 !
Denis Bodor
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